5. Et
après ?
Prospective : quel avenir pour la communication dans notre secteur ? 20 ans passés … Mais au fait, quel avenir pour la communication dans le bâtiment pour les 20 prochaines années ? Nous avons posé la question à 9 professionnels dans le secteur de la construction de différents horizons pour croiser les regards et les perspectives de la communication de demain dans ce domaine. Innovation, nouvelles technologies, intelligence artificielle … Découvrons ensemble les pistes de réflexions sur les enjeux et les opportunités que présentera le secteur d’ici 20 ans.
La communication dans le bâtiment, un petit coup d’œil dans le rétro avant de regarder vers l’avenir ?
En 20 ans, la communication dans le secteur de la construction a profondément évolué, portée par l’essor du numérique, des nouvelles technologies et des réseaux sociaux. Anaïk Cucheval, aujourd’hui directrice de la communication à la Fédération Française du Bâtiment nous partage sa vision du haut de ses 25 ans de carrière dans le domaine.
« En 25 ans, les choses ont radicalement changé. Les outils numériques, qu’il s’agisse de traitement d’images ou de textes, sont déjà omniprésents dans notre quotidien. J’espère que dans 20 ans, nous réussirons à trouver un équilibre entre la modernité des outils, l’innovation technologique et la richesse des relations humaines. »
Les réseaux sociaux ont également changé la donne ! Plus de communication dans l’instantanéité, des influenceurs qui partagent leur expertise avec leur communauté … Ils sont devenus des outils indispensables à la valorisation des marques et de leur savoir-faire.
« Des artisans très suivis sur les réseaux sociaux partagent leur quotidien, leurs savoir-faire et des tutoriels, ce qui donne une nouvelle image au bâtiment. Il devient plus attirant, notamment pour les plus jeunes, ce qui est positif pour les enjeux de recrutement par exemple. Communiquer reste essentiel pour valoriser nos chantiers, nos formations et les histoires humaines derrière chaque réalisation. À l’avenir, je pense que nous serons des pionniers en matière de communication dans le bâtiment, en mêlant tradition et innovation. »
Anaïk Cucheval - Directrice de la communication à la Fédération Française du Bâtiment
Des stratégies de communication évolutives à adapter…
La communication dans le domaine du bâtiment est un large secteur : presse, podcast, influence, relations presse, social media, graphisme …. Quelles seront concrètement les évolutions dans chaque domaine ? Pierre Pichère, rédacteur en chef de Génie Climatique et président de l’Association des Journalistes de la Construction, Nicolas Charton, fondateur du podcast 6H du BAT et Alexandre Faucher, nommé alexbatihome qui est influenceur et partenaire des marques du bâtiment, nous livrent leur vision dans leur domaine professionnel.
Face à l’abondance des supports et formats multimédias, quel rôle jouera l’écrit dans les décennies à venir ?
Dans un monde où l’information est omniprésente, Pierre Pichère met en lumière les transformations de la presse professionnelle.
« Nous vivons dans une époque où le rapport à l’écrit s’estompe peu à peu. Ma grande interrogation pour les 20 prochaines années est de savoir si l’information continuera de passer par ce support. La presse a déjà beaucoup changé : l’intelligence artificielle et les outils numériques permettent d’accéder à une information en un temps record là où autrefois, des heures de recherche dans des salles d’archives étaient nécessaires. »
Dans un monde saturé d’informations, marqué par des risques croissants de désinformation via l’IA, les journalistes devront miser sur la précision et la fiabilité pour se démarquer.
« Les formats évolueront aussi : l’écrit persistera, mais davantage comme un complément à des contenus multimédias – podcasts, vidéos, voire hologrammes. Pourtant, le papier et les dossiers imprimés conservent une place particulière, presque intemporelle. Ils incarnent encore un besoin de tangibilité et de réflexion qui, je l’espère, ne disparaîtra pas entièrement. »
Pierre Pichère - Rédacteur en chef du Génie Climatique et président de l’Association des Journalistes de la Construction
La presse professionnelle continuera de s’adapter aux innovations technologiques, notamment pour les formats tout en conservant ses valeurs historiques pour continuer à partager des contenus de qualité.
Le podcast, un format récent, effet de mode ou mode de communication intemporel ?
« Le podcast de marque est en pleine ascension. J’ai même eu un exemple d’entreprise qui a intégré un épisode de podcast dans le pack d’accueil de ses nouveaux collaborateurs, car c’était le seul support capable de transmettre les valeurs de la société de manière authentique. À l’avenir, je pense que les entreprises vont de plus en plus se tourner vers des solo podcasts pour sortir du cadre purement promotionnel et raconter des histoires. C’est par ces récits authentiques que les marques créeront des liens forts avec leur public et renforceront leur attachement à leurs valeurs et produits. »
Nicolas Charton, fondateur du podcast 6H du BAT.
Les entreprises redéfinissent la manière dont elles racontent leur histoire et valorisent leur savoir-faire. Le podcast n’est pas qu’un effet de mode, il permet déjà doucement d’ouvrir ce secteur au grand public. D’ici 20 ans, il se tournera encore davantage vers des contenus immersifs, sincères et novateurs.
Et l’influence, succès de notre époque et de demain ?
Alexandre Faucher, nous assure que l’influence continuera d’exister et de se réinventer. Elle n’en est qu’à ses débuts, il y a donc tant de choses encore à explorer pour les 20 prochaines années.
« Dès aujourd’hui, quand quelqu’un crée une entreprise, ouvrir un compte sur les réseaux sociaux est quasiment automatique. Dans 20 ans, ce sera encore plus intégré, comme une évidence. J’imagine un monde où la technologie nous offrira des façons inédites de communiquer. Peut-être que nos clients nous regarderont à travers des lunettes connectées ou d’autres interfaces immersives encore à inventer. Les réseaux sociaux évolueront, certains disparaîtront, d’autres renaîtront sous une forme nouvelle. Ce qui restera, c’est ce besoin de montrer le secteur du bâtiment. En tout cas, j’ai hâte de voir où cela nous mènera. »
Alexandre Faucher, alexbatihome.
Le bâtiment en 2044 : des métiers en transition
La communication dans le secteur du bâtiment évoluera mais le domaine se transforme également de façon intrinsèque impliquant des nouveaux métiers et donc de nouveaux besoins en ressources humaines. Nous croisons les regards éclairés d’Ariane Komorn, PDG de La Solive, Yves Antier, vice-président en charge des partenariats pour l’organisation WorldSkills France et Jean-Christophe Repon, président de la CAPEB.
Quels seront les besoins de recrutement dans la rénovation énergétique ?
Aujourd’hui, tous les corps de métiers intègrent déjà de nouvelles compétences pour répondre à la demande croissante de rénovation énergétique.
« À court terme, on parle de plus de 600 000 postes à pourvoir dans ce secteur, et cela implique de former une diversité de professionnels : artisans, conducteurs de travaux, prescripteurs, auditeurs, des assureurs, des acteurs de la finance ou bien encore des agents dans les collectivités locales pour accompagner particuliers et entreprises. »
« Dans 20 ans, je vois un secteur bien mieux structuré. Nous aurons des entreprises spécialisées en rénovation énergétique globale et des groupements d’artisans travaillant collectivement sur des chantiers. Je pense également que grâce à la communication, nous arriverons à faire rêver autour des métiers du bâtiment et effacer l’a priori dévalorisant du métier manuel. Nous montrerons que ce sont des métiers concrets à impact positif sur la vie des gens et donc porteur de sens. »
Ariane Komorn - PDG de La Solive
L’apprentissage continu, la clé pour répondre aux compétences de demain ?
Les métiers dans le domaine de la construction ont déjà entamé leur mutation et dans 20 ans, les compétences nécessaires seront encore très différentes.
« Nous entrons dans une ère où il sera indispensable de continuer à se former tout au long de la vie. Nos jeunes devront apprendre à maîtriser de nouvelles technologies, utiliser des produits innovants, et toujours mieux respecter l’environnement. Concrètement, je pense au digital qui réduira les erreurs, augmentera la qualité et évitera les répétitions inutiles sur les chantiers. Elle permettra de construire des bâtiments avec une précision et une efficacité inégalées. Je pense également aux matériaux qui évoluent pour être plus écologiques dès leur conception. Ce sont des priorités essentielles. »
Yves Antier, vice-président en charge des partenariats pour l’organisation WorldSkills France.
« Nous devons anticiper, accompagner, et valoriser ces évolutions pour bâtir un avenir professionnel qui allie technologie, respect de l’environnement, et excellence. Nous commençons dès aujourd’hui avec des événements comme WorldSkills, où les jeunes peuvent voir, toucher, et expérimenter concrètement ces métiers. Ce mélange entre numérique et expérience réelle est fondamental pour inspirer et préparer les générations futures. »
Yves Antier - Vice-président en charge des partenariats pour WorldSkills France
Quel sera le rôle de l’artisanat dans l’économie ces 20 prochaines années ?
L’artisanat du bâtiment s’adapte en permanence au marché mouvant : crises économiques, Covid-19, enjeux énergétiques… Il continuera grâce à sa proximité avec l’activité économique et le marché.
« Aujourd’hui, avec 620 000 entreprises artisanales représentant 97 % du tissu économique, nous avons un impact énorme. Mais dans 20 ans, j’aimerais que nous soyons 700 000, voire 800 000 entreprises, attirant une nouvelle génération de jeunes qui cherchent du sens dans leur travail. »
Jean-Christophe Repon, président de la CAPEB Nationale
« Dans 20 ans, je vois un artisanat dynamique, innovant et attractif, qui saura continuer à répondre aux besoins des territoires tout en offrant aux jeunes des perspectives concrètes, enthousiasmantes et pleines de sens. En effet, grâce à la transition numérique, les tâches seront simplifiées, les métiers deviendront moins pénibles, tout en restant fidèles à leur ADN et à leur histoire. La communication changera l’image des métiers, ils deviendront aux yeux de tous des métiers d’avenir, riches en valeurs et en opportunités. »
Jean-Christophe Repon - président de la CAPEB Nationale
L'adaptation des activités du bâtiment aux nouveaux besoins et aux nouveaux risques
Innovation, collaboration et diversité des pratiques redéfiniront les contours du secteur. Cela va bouleverser l’activité, les pratiques et la prévention des risques et l’assurance dans le domaine. Nous avons interrogé Grégory Monod, président du Pôle Habitat de la FFB, Julien Bagnard, directeur de Myral, Manuel Martin, responsable du pôle métier à la direction technique de l'OPPBTP et Bruno Cavagné, PDG de SMA-BTP qui nous livrent leurs analyses et projections.
A quoi ressemblera le bâtiment dans 20 ans ?
Depuis 20 ans, le secteur s’est professionnalisé ce qui a permis de réduire les sinistres. C’est sur cette dynamique que le bâtiment façonne son avenir :
« Le bâtiment de demain, c’est comme une palette de peintre : une multitude de couleurs et de possibilités. Nous évoluerons aussi vers une construction plus réfléchie et personnalisée, avec un accent sur la réhabilitation et une meilleure adéquation entre l’offre et la demande. »
Diversification des habitats, matériaux plus performants, données environnementales transparentes, efficacité du processus grâce au numérique, personnalisation des projets de maison individuelle sont autant de points abordés par Grégory Monod sur sa vision du bâtiment dans 20 ans.
« En somme, les métiers du bâtiment d’ici 20 ans seront marqués par l’innovation, la collaboration, et une forte capacité d’adaptation aux enjeux environnementaux, sociaux, et technologiques. Nous aurons un secteur enrichi et diversifié, prêt à répondre aux défis de demain. »
Grégory Monod - Président du Pôle Habitat de la Fédération Française du Bâtiment
Un avenir plus vert et plus durable pour l’isolation thermique ?
Concernant l'avenir de l'industrie et de la décarbonation, nous avons sollicité l'avis de Julien Bagnard, un industriel engagé, qui partage avec nous sa vision de l'évolution du secteur dans les décennies à venir. Avec Myral, Julien Bagnard, directeur de Myral, œuvre pour contribuer à la lutte contre le changement climatique, améliorer l'isolation des bâtiments, et offrir un plus grand confort aux habitants des environnements urbains, souvent dégradés.
« J'aimerais voir, dans 20 ans, une façade qui serait le fruit de notre capacité à transformer les déchets que la société de consommation a produit pendant des décennies. Une façade qui intégrerait des matériaux récupérés et les intégrerait de manière innovante. Je vois aussi des façades végétalisées, qui apporteront de la fraîcheur et participeront à la régénération de la biodiversité. Et au-delà de leur fonction de protection des bâtiments, je pense que les façades auront évolué pour devenir des éléments d'isolation thermique et phonique beaucoup plus efficaces. Elles auront une fonction active, jouant un rôle crucial dans la gestion de la chaleur, mais aussi en matière de bien-être pour ceux qui vivent à l'intérieur. »
Julien Bagnard, directeur de Myral.
Peut-on anticiper les évolutions des risques sur les chantiers ?
L’expertise de Manuel Martin, responsable du pôle métier à la direction technique de l'OPPBTP, nous permet d’envisager l'avenir de la sécurité sur les chantiers avec un regard optimiste, tout en restant conscient des défis à relever.
« En matière de sécurité, nous avons parcouru un long chemin. Il y a 20 ans, nous enregistrions encore 300 à 400 accidents par an. Aujourd'hui, ce chiffre a considérablement baissé, et nous sommes autour de 120 accidents. Les entreprises se sont véritablement engagées dans la mission de garantir à leurs salariés de travailler dans des conditions optimales de sécurité. »
L’objectif aujourd’hui et pour demain est de réduire encore les risques et d’améliorer significativement la sécurité sur les chantiers.
« Pour 2044, je vois une sécurité partagée avec des actions concrètes comme l’intégration de clauses de sécurité dans les marchés, qui imposent des règles strictes et des moyens pour garantir la sécurité sur le terrain ou encore un déploiement massif de dispositifs comme le PASI (Passeport Accueil Sécurité Intérim), ainsi que des cartes de sécurité et des briefs de sécurité matinaux réalisés par les chefs d'entreprise pour définir les conditions de travail de la journée. »
Manuel Martin, Responsable du pôle métier à la direction technique de l'OPPBTP
Quel rôle jouera l'assurance dans le secteur de la construction dans les 20 prochaines années ?
Pour conclure cette réflexion sur l'évolution du secteur du bâtiment d’ici 20 ans, nous avons échangé avec Bruno Cavagné, PDG de SMA-BTP, qui nous livre son analyse des perspectives de l’assurance dans le secteur de la construction à long terme.
« Dans 20 ou 30 ans, nous aurons un besoin encore plus accru d’assurance, tant pour les personnes que pour les entreprises. Aujourd'hui, nous assurons déjà une large gamme de risques, de la décennale à la responsabilité civile, en passant par la santé et la prévoyance. Et chaque fois qu'un produit innovant fait son apparition, nous nous efforçons d'être à la pointe pour accompagner les entrepreneurs. Lorsque de nouveaux produits sont lancés, on ne sait pas toujours comment ils vont réagir, mais notre mission est d’être là, prêts à garantir ces innovations. »
Bruno Cavagné, PDG de SMA-BTP
« Nous allons aussi faire face à de nouveaux risques, notamment liés au changement climatique. Il est évident que, face à ces défis, de nouveaux types de couverture d'assurance devront être développés. Si l’on regarde les modèles européens, il est clair que des pays qui s’inspirent de ce qui se fait en France commenceront à adopter des pratiques similaires. Je suis convaincu que la décennale, par exemple, sera toujours là, probablement renforcée pour répondre à de nouveaux enjeux. »
Bruno Cavagné - PDG de SMA-BTP